lundi 16 mai 2011

Que sont les masques Gelede ?

Chez les Yoruba, les masques Gelede sont bâtis sur un même principe : un visage (du type masque-heaume) et une scène qui se développe sur le haut du masque.
Ceux-ci sont utilisés dans le cadre de mascarades dédiées aux femmes dans leur dimension maternelle.
La société féminine Gelede puise ses origines au sein de l’ethnie Yoruba. Forts de 16 millions d’habitants, majoritaires au sud-ouest du Nigeria, les Yoruba sont également présents chez les Nago et les Fon au sud du Bénin, ainsi qu’à l’est du Togo.
Le culte Gelede naît dans la deuxième partie du 18e siècle, selon toute vraisemblance à Kétu (aujourd’hui à l’est du Bénin), prestigieux royaume Yoruba, réputé pour la dextérité de ses sculpteurs.
L’origine mythique du Gelede reflète le passage d’une société matriarcale à un système patriarcal. Ayant dérobé le pouvoir aux femmes, les hommes décidèrent de consacrer un culte à la toute puissance de la mère ancestrale Iya Nla, la « Grande Mère » qui, dans la culture Yoruba, assure l’ordre du monde tout en menaçant sa stabilité. Pour apaiser la colère des femmes âgées dénommées awoniya wa (« nos Mères »), les communautés rurales des Yoruba-Nago et des Fon organisent des mascarades rituelles après les moissons, mais aussi lors de sécheresses ou d’épidémies. La société est dirigée au plus haut niveau par une femme, Iyalashé, la grande prêtresse présente dans chaque couvent Gelede.
Les cérémonies religieuses Gelede, dansées et chantées aux rythmes des percussions, mettent en scène des danseurs masculins, parés d’attributs et de vêtements féminins. Véritables oeuvres d’art aux multiples symboles, les masques cimiers (portés sur le haut du crâne), polychromes et en bois sculptés, affichent les traits caractéristiques de l’esthétique Yoruba, tels les yeux en amande, les scarifications…
Au fil des décennies, le rituel s’est adapté. Les masques se sont sophistiqués, prenant la forme de superstructures souvent articulées. Au milieu du 20e siècle, les cérémonies de jour sont apparues, mêlant messages sociaux ou satiriques. Les mascarades diurnes, en marge de la magie rituelle de la nuit, se présentent comme une « magie médiatique » très populaire au Bénin dans les zones rurales Nago et Fon.Le patrimoine oral Gelede, toujours bien vivant dans les régions de Kétu, Cové ou encore Savé, à l’est du Bénin, a été proclamé chef-d’oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’UNESCO en mai 2001.

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